Le biais d’ancrage et son impact
Le biais d’ancrage est un biais de jugement connu et particulièrement répandu. Il se caractérise par l’importance suprême donnée à une première impression.
Ce penchant est propre à tout être humain qui, pour la première fois, découvre un endroit, sent une odeur ou un parfum, éprouve une sensation, ou qui trouve la réponse à de nombreuses questions qu’il pouvait se poser jusqu’ici. Le jugement qui découle de cette nouvelle impression est biaisé parce qu’il laisse une empreinte démesurée et fait exagérément pencher la balance émotionnelle en faveur de ce premier évènement.
Transposée au monde des médecines manuelles, cette empreinte laissée par l’initiation à une nouvelle approche thérapeutique, pleine de mystères résolus et d’associations d’idées à la fois malicieuses, pertinentes, révolutionnaires et séduisantes, se transforme rapidement en une véritable ornière dont il est de plus en plus difficile de sortir avec le temps.
L’esprit scientifique pour sortir de l’ornière
L’esprit scientifique dont les solutions Plaïad sont imprégnées nous oblige à voir les choses avec un peu de hauteur... Cette même hauteur qui nous permet de sortir de l’ornière !
En effet, chez un esprit réellement scientifique, toute la difficulté est de s’autoriser une remise en question permanente des théories adoptées auparavant, tout au moins d’accepter leur falsifiabilité. Dans le champ des médecines manuelles, en particulier chez les ostéopathes, nombreuses sont les théories qui n’ont jamais été confrontées à la démarche hypothético-déductive. Certaines de ces théories, à l’instar des prédictions astrologiques, ne sont même pas falsifiables !
Un exemple ? Qui n’a jamais entendu un ostéopathe dire : « les médecins ne ressentent pas la même chose que nous ? Mais c’est tout simplement parce qu’ils ne sont pas ostéopathes ! » ou « les instruments de mesure ne valident pas notre théorie ? C’est tout simplement parce que la technologie n’est pas encore assez avancée ! » ?
Ou comment adopter une attitude fuyante minée par la certitude, le dogmatisme, la croyance, l’endoctrinement... Ou encore la confiance aveugle, la passion, la quête de sens... Appelons cela comme on veut, ça ressemble à cet irrépressible besoin que l’Homme éprouve depuis qu’il existe : celui de répondre au « pourquoi ».
Une distinction nécessaire entre spiritualité et pratique médicale
La spiritualité est un trait caractéristique de l’être humain et il n’est ici nullement question d’en dénoncer l’immanence. Mais un professionnel de santé ne peut et ne doit en aucun cas interagir avec ses patients en étant guidé par sa spiritualité.
La pratique fondée sur les preuves (Evidence-Based Practice chez les anglo-saxons) reste encore, en 2025, la meilleure façon de guider le patient et de l’accompagner sur la voie de la guérison ou de l’amélioration. C’est aussi le meilleur moyen de se départir du biais d’ancrage et de sortir des éventuelles ornières dans lesquelles on s’est installé au fil des ans en tant que praticien de santé.
L’EBP : une approche rationnelle et adaptée
Ce concept, fort bien adapté à la prise en charge des troubles fonctionnels, combine les résultats issus de la littérature, l’expérience du praticien et la demande du patient.
Il oblige le thérapeute à adapter son protocole et ses actes aux faits révélés par l’anamnèse et l’examen clinique, ainsi qu’aux symptômes et aux indicateurs de santé du patient, en envisageant dès le départ toutes les solutions possibles, sans s’attarder sur des mécanismes fantasmagoriques ou sur une hypothétique origine (ou cause) du mal. La démarche EBP est donc avant tout une démarche thérapeutique symptomatique. Elle interdit toute spéculation et limite l’explication du trouble fonctionnel à sa simple caractérisation.
Autrement dit, la démarche EBP repose sur l’observation et invite à réfléchir, non pas au « pourquoi vous avez mal », mais au « comment vous pouvez être soigné ». En cela, elle induit un raisonnement clinique véritablement scientifique, sur lequel doivent se reposer les thérapeutes manuels, en particulier ceux qui prennent en charge les troubles fonctionnels, dont les causes peuvent être multifactorielles et dont les mécanismes se révèlent ô combien complexes.
Plaïad : un outil pour objectiver et améliorer la pratique
Désormais, grâce à Plaïad, nous pouvons nous féliciter d’avoir à notre disposition des outils logiciels qui nous permettent de tracer nos actes, de les évaluer par rapport à des indicateurs de santé clairement définis, de suivre l’évolution du patient et de compiler ces résultats pour, à terme, non seulement confronter l’efficacité et la pertinence de nos pratiques avec celles des autres disciplines thérapeutiques, mais aussi pour répondre factuellement aux contempteurs de ces pratiques qui, quoi qu’on en dise, sont de plus en plus plébiscitées.
Il ne nous reste plus, à nous ostéopathes et autres praticiens de médecines manuelles, qu’à entrer dans l’ère de la preuve.